Va ( toujours ) voir ailleurs si tu y es
Lo que hace andar los mundos es la interacción entre las diferencias, sus atracciones y sus repulsiones. La vida es pluralidad, la muerte es uniformidad. Al suprimir las diferencias y peculiaridades, al eliminar las distintas civilizaciones y culturas, el progreso debilita la vida y favorece la muerte. El ideal de una sola civilización para todos, implícita en el culto del progreso y la técnica, nos empobrece y nos mutila. Cada opinión que se extingue en el mundo, cada cultura que desaparece, disminuye la posibilidad de la vida.
Octavio Paz
Sept mois sans publier , What the phoque ???!
A l’aéroport de Calgary, j’ai en tête Ushuaia et son petit aéroport a la charpente de bois et la moquette défraîchie.
Mais étrangement j’ai aussi l’impression que ces premiers coups de pédales face au vent remontent à plus d’un siècle. Si loin que je pourrais même douter de l’existence du souvenir.
Lire les différents articles de ce blog me fait sourire. D’abord pour les souvenirs qui remontent à chaque ligne. Puis pour le contenu, les choix, le style (f*** l’otrografe, d’autant que je sais que ma maîtresse de CE2 scrute attentivement mes faux pas , une vieille peur du couloir flotte au-dessus de mes épaules )
Loin de moi l’idée de remettre en question ces publications, le manque de recul et la douce naïveté qui s’en dégagent sont moins le reflet de mon ignorance mais plutôt l’écho de ma jeunesse mêlée au besoin de réflexion.
L’Amérique du nord a été un autre voyage. Un nouveau chapitre bien diffèrent du précèdent mais pour autant indissociable de cette aventure en Amérique latine.
Sept mois ne peuvent être résume en un article. J’ai dû faire des choix dans mon partage, le blog a ses limites, j’ai les miennes.
Certaines choses ne sont pas faites pour être écrites ou même dites…ou peut être simplement murmurées dans l’intimité d’une nuit éclairée à la bougie, au bon vin et à la musique lointaine…
Pour décrire mon état d’esprit actuel, faite ce qu’il faut pour connectez votre cortex cérébral a votre imaginaire, parfois les premiers beat d’un good song suffisent, un calumet de la paix ou le silence crépusculaire d’une journée d’été bien remplie :
Watch out.
Une journée ensoleille.
Vous marchez.
Le temps est lourd. La chaleur de cette fin d’après-midi devient too much for you.
Un verre d’eau. Voilà ce qu’il vous faut. Vous accélérez le pas.
Comme par réflexe vos pensées ce focalisent sur l’emplacement de la carafe d’eau, sur la table de la cuisine ? Oui probablement sur la table.
Plus que quelques centaines de mètres.
SOIF.
L’avenue ? La voilà, vous y êtes. Le voisin ? Pas le temps. La flemme. Pas envie.
Clé, serrure, porte, trois enjambe légèrement en diagonale, cuisine.
Vous voilà à vider ce verre d’eau tiédasse.
Mais votre main tient toujours la carafe, a demi-posée sur la table. Pourquoi ?
Pur réflexe, vous avez encore soif. Vous n’avez pas fini ce verre tant attendu que vous avez encore soif.
Vous savez qu’il vous en faudra plus.
J’ai encore soif.
De voyage. De vélo. De découverte.
De crampes dans les cuisses et de géopolitique, de douleurs d’estomac post-eau douteuse, de sueur entre les orteils et de tortillas full off cheese. De corps et de flamme. De lac, d’Océans. De montagnes. De desserts.
Soif de liberté, affreusement cliche mais simplement efficace.
Retour vers le futur
La plupart d’entre vous le savent mais j’ai une famille admirable. J’aime à penser que nous formons une équipe soudée. Ce n’est pas l’éloignement qui a confirmé ce que je savais déjà. Mais off course, toute ces famille croisée sur mon chemin. Des pères, des mères, des fils et des frères…
Le vent de la liberté attise les braises du feu ardent que nous partageons. Il brûle en nous un amour sans cesse alimenté par des souvenirs d’enfance merveilleux et une infinie tendresse.
Alors voilà que le 11 janvier je vois débarquer 4 hauts représentants de ma « Tribe ». Nolwenn, Adrien, Valentin et….PAOLA.
Adrien et Nolwenn me pressentent leur enfant. Ma sœur me pressente sa fille.
Bombe nucléaire cérébrale.
Hiroshima à cote c’était un feu d’artifice amateur.
Nolwenn a une fille. Minute. On parle bien de ma sœur la ?
Je me souviens encore du bruit insupportable des touches de son premier portable Sagem (à l’époque les portable avaient des touches et internet c’était liberty surf, facturée a la minute) lorsqu’elle envoyait ses premiers texto a ses amis rebelles en scooter/ banane Lacoste/pantalon dans les chaussettes, le combo gagnant (GROSSE classe les kai-ra, j’ai même vos noms en tête les gars. Désolé.)
Alors trois siècles plus tard, me voilà face à Paola.
Bon, j’imagine que vous n’allez pas me trouver objectif, peu importe. Je crois que c’est la plus belle de la Terre (de l’univers ?). Non, ce n’est pas l’exagération légendaire made in U.S qui aurait déteint sur moi. Si c’était le cas, Paola serait sur la plus haute marche du podium lors du concours de miss-baby 2016, avec tout un business plan pour s’assurer la place de number one depuis le Mini-Miss jusqu’au Miss america. En toute modestie.
Donc un peu déphasé, j’accompagne mes petit frenchies dans un RV road trip depuis Los Angeles jusqu’au Gran canyon en passant par la Death valley et Las Vegas !
A la fin de cet article j’évoque la notion du temps qui se transforme totalement pendant ce genre de voyage. Adrien, Nolwenn et Valentin, n’ont pas tellement changé physiquement depuis notre dernière rencontre ! Mais être face à Paola c’est être face à un marqueur temporel surréaliste. La preuve vivante et irréfutable que le temps a passée. C’est un choc.
Quelques semaines avant leur arrivé, je sentais déjà là. Différence parfois au Mexique, la fin d’un monde. Sans savoir mettre des mots sur cet avertissement, je pensais que ce petit road trip avec eux allait me permettre une transition en. Douceur vers les U.S.A. Et malgré la gentillesse qu’ils ont eu de venir passe du temps avec moi, malgré tout ce qu’ils m’ont offert et permis de voir à leurs côtés, je sens que quelque chose ne va pas et commence à me ronger doucement.
Lorsque les voyageurs croisés au sud me demandaient pourquoi j’avais choisis ce sens Sud-Nord, ils avançaient la raison du vent, de la rareté de la chose etc…
Je répondais machinalement que si l’on avance à contre-courant, les chances de croiser des voyageurs sont plus grandes. Ce qui c’est avéré être vrai.
Mais ce que je n’avais pas réalisé et qui aujourd’hui me saute aux yeux, c’est que remonter les Amériques du sud au nord signifie passer de l’Amérique latine, aux états unis. Pays où l’individualisme et la peur de l’étranger règnent en maitre.
Au-delà de l’aspect économique, la simplicité des rapports sociaux va disparaitre, des relations hommes/femmes, des modes de vies etc….Une évidence oui mais à cet instant j’ignorai totalement l’effet qu’un tel changement de situation puisse avoir sur moi-même.
Easy West Coast
En quittant Los Angeles, j’étais libre de tout choix d’itinéraire. Je me souviens parfaitement avoir choisi la West coast pour la facilite.
Un dénivelé quasi inexistant, un bon compromis entre des paysages côtiers magnifique et quelques parcs nationaux. Une chance de croiser des voyageurs assez élevée et profiter de la réputation » festive » de la côte Ouest…
Je m’entends encore dire » allez en un mois, c’est boucle et à moi le Canada pour mars ! »
FAUX !
Ce genre de voyage à vélo c’est aussi, selon moi une grande part d « expériences humaines ».
Or, enlevez la difficulté « géographique » et la difficulté « matérielle »…C’est donc l’aspect « sociologique » qui va dominer.
A la fin de mon dernier article j’évoque ma première expérience dans un « shelter ». Est-ce cette première nuit qui m’aurait poussé à la découverte du monde des homeless ?
Les raisons sont multiples.
Loup phoque – Look folk – Loufoque
Des pieds à la tête :
Pour les pieds deux options : basket dégoté en Bolivie, trouée et très probablement plus vieille que moi OU CHANKI inséparable chaussure péruvienne faite de pneu recycle.
Pantalon avec un trou énorme OU short en jean découpé
Tee shirt cousu, recousu et re-re-cousu. En fait plutôt un morceau de tissu
Crane rase et barbe affolante
Pas vraiment le look-type du gringo
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smoking
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille
avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mon cou en cheminée d’usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu’un
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
J’ai l’impression d’être ridicule
avec tout ce qu’ils racontent
jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi
un peu d’eau chaude
et des gâteaux enrhumés
J’ai l’impression d’être ridicule
avec les théories qu’ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
J’ai l’impression d’être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
Solde, Léon-Gontran Damas
Oui l’apparence physique peut être le début de l’explication mais cela ne suffit évidemment pas.
Ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que depuis la Bolivie jusqu’au Mexique, atteindre une ville ou un village sur le temps du « midi », signifiait presque toujours être entouré pendant les repas.
Dans presque tous ces pays la vie est dehors, vous trouverez donc très souvent des petits stands ou des espace commun pour manger.
Parler comida, parler bouffe, c’est universel. Le monde entier peut échanger là-dessus.
Pour un voyageur en solo, ce sont des moments précieux. Un moyen parmi tant d’autre d’ouvrir le dialogue. Je crois que beaucoup de mes beaux souvenirs de voyage se situe autour d’une table.
Arriver aux USA, c’est dire au revoir à tout cela.
STARBUCKS,MACDO,KFC,FASTFOOD,STARBUCKS,KFC,MACDO,STARBUCKS,KFC,MACDO
Entrer dans un hyper-marché énorme où les caddies sont aussi gros que leur 4*4…. Passer du temps dans les rayons interminable qui proposent cinquante millions de marques différentes pour chaque produits…Le regards des gens qui se demandent pourquoi je rigole alors que je pue la sueur et que je suis sale…STRANGE….Des fruits importe fluorescent, provenance des bananes ? Ecuador… PLEASE DO NOT JUGGLE WITH APPLES … Acheter un peu de pain, une boite de thon et une tomate… manger le tout devant le centre commercial ou parc ( quand il y en a un… )
Dans beaucoup de région d’Amérique du Sud, lorsque vous pénétrez dans une pièce où les gens sont occupés à manger, la politesse veut que vous souhaitiez un bon appétit à l’ensemble de la salle.
Au Pérou ou en Bolivie, on partage une bouteille de bière (par exemple) avec le même verre pour chacun.
Vigilance
Je suis sur un banc à la sortie d’un supermarché. Pause du midi. Le vigile sort et me demande de rendre ce que j’ai volé. Directement. Il m’a vu et il le sait.
Le pauvre affiche une belle moustache mexicaine et un badge au nom de « José »… C’est donc dans un espagnol impeccable que je lui réponds. Une vérification du ticket de caisse plus tard, il repart bredouille en s’excusant…
Posez votre vélo et grignotez quelque chose près de votre monture sur une place centrale d’un bled au Pérou, en Colombie ou au Guatemala peu importe. Vous pouvez être sûr que dans l’heure qui suivra, un local viendra AU PIRE simplement échanger quelque banalité.
No way in USA. Je ne dis pas que ça n’arrivera jamais, mais bien moins souvent, dans cette même situation.
Les nuits, évidemment. En Amérique centrale et au Mexique, j’avais pris l’habitude de recevoir ou demander chaque soir la permission de camper sur un terrain prive. Ce qui vous vous en doutez amenait a de très belles rencontres.
Là encore, j’ai vite déchanté en Californie. La cote est riche, très riche. Riche de gens effraye de laisser une tente sur 2m carré de pelouse pendant toute une nuit !
Robotik
Je suis sous la pluie depuis ce matin. Pas le crachin breton mais bien la pluie King Size. La nuit va tomber et je ne trouve rien pour m’abriter. (Monter une tente sous la pluie est un exercice que je connais assez pour ne pas en avoir envie)
Tremper de la tête au pied, je frappe au seul bâtiment a des km à la ronde. Un office de Rangers. J’ai toujours eu d’excellent rapport avec eux. Je demande à pouvoir m’abriter sous un petit hangar vide. NO.
La fameuse phrase » si tout le monde faisait comme vous…etc…». Il n’y a rien à répondre à ce genre de logique, inattaquable.
Homelessness
Et malgré tout cela je ne suis pas seul. Malgré tout cela je commence à apprécier les USA. Parce que dans chaque ville ou small town , les rues regorgent de homeless. ( S.D.F)
Il m’a fallu du temps pour réaliser que ce sont eux qui allaient constituer la majeure partie de mon expérience états-unienne.
J’aimerais avoir la maturité littéraire et intellectuelle pour analyser et comprendre les sentiments qui ont pu me traverser pendant ces mois. Cette mise à la marge volontaire de ma part n’est pas anodine d’un point de vue personnel et la curiosité ne peut pas tout expliquer.
Vétérans
Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi d’écrire d’abord sur les vétérans de l’U.S army. Ce sont eux que vous trouverez en très grand nombre parmi les SDF californien.
Envoyons un jeune homme tuer ! LET’S GO !
Nous n’aurions qu’à lui dire qu’il le fera au nom de la défense du pays, de la défense du drapeau.
Vaincre l’axe du mal.
Voilà notre homme qui revient, quelques doigts en moins, quelques souvenirs en plus.
Les intestins d’un enfant répandus sur le corps de son petit frère, baignant dans une mare de sang.
Mental Issues.
FOLIE.
A medal. No Jobs. No money. The street.
J’ai tué pour vous.
J’ai faim.
J’ai tué pour vous.
J’ai froid.
J’ai tué pour vous.
Je me sens sale, ignoré, parasite.
J’ai tué pour vous.
Need my shit, Need my dope.
Il n’y avait pas d’armes de destruction massive ? Really ?
Une vaste blague ?
Trop complexes, les enjeux m’auraient –il échappés ?
Si je n’ai pas tué pour vous … pour qui ?
Gardez vos excuses et rendez-moi ma vie.
Pourquoi?
STOP no more questions, I need my shit.
Oubliez-moi pendant que je m’oublie.
PTSD-Post-traumatic Stress Disorder
Today I freaked out in a store where danger was non-existent.
Maybe if I stay up all night doing coke there won’t be any nightmares.
But I can’t go without sleep.
The war is over for me.
I don’t understand why I panic or break out into sweats
or fits of anger.
Today I saw most of my family for the first time in a year.
Nothing felt real; everyone was but a stranger passing by me on a street.
« Dissociation » is the term, I believe.
I feel like my mind has shattered
and that I left my soul in Iraq.
I don’t want to admit that I’m hurting inside.
When my emotions were shut off,
I didn’t get to choose which ones I would keep.
I feel utterly lost.
I used to be strong and proud.
Now all I can think about is what I saw, what I experienced.
Nothing in the world seems to matter beyond that.
I think more now, and when I speak it’s with a sarcastic tone.
Months of feeling dead inside are followed by a week of depression and tears.
I feel weak and frail, my identity and faith shattered.
In « The Odyssey, » Homer asked:
« Must you carry the bloody horror of combat in your heart forever? »
The answer still eludes me.
Robert K.
Homeless curiosity
En Californie, on trouve des artistes et des personnages hauts en couleurs qui rendent la rue passionnante ! Mais plus je fais route vers le Nord, plus la population homeless change…
Je n’aime pas le terme homeless. C’est un mot qui regroupe dans la même catégorie, énormément de situations différentes.
Famille mise à la rue provisoirement, adolescent rejeté de tout et de tout le monde, ex-entrepreneur fauche, vétéran US-army, homeless temporaire ou définitif…etc…
Histoires de rues, de viol, de prostitution, de mise a la porte, de crédit impayés, de « j’avais confiance en lui …», de drogue encore et toujours…Boire et fumer est devenu un moyen de partager avec eux. Je garde le controle. Parfois j’ai besoin de me sortir de la et trouve une sorte de réconfort malsain et étrange dans la nourriture bon marché. Ces affiches omniprésentes de burgers au steak juteux et pizza au fromage dégoulinant, ont un effet d’attraction, scary.
Attention, je croise de très belles personnes dans ce monde de fou. Que ce soit des gens vivant dans la rue ou des personnes rencontré via Warmshower (très bon site mais que je finis par abandonner) et je me dois de remercier (dans l’ordre) Ken et Kenny, Don et Mary, Paula et Chris, Cory the artist, Tricia et George et enfin Erin Scott. Chez toutes ces personnes j’ai de très bon souvenirs et chacun à sa manière m’a beaucoup aider.
Je suis dans cette maison. Rusty et Judy m’ont accueilli dans leur « ferme » pour quelques jours. Ce soir nous sommes tous invite dans une villa voisine.
On nous a priés de retirer nos chaussures avant d’entrer. La maîtresse de maison a eu un regard sur l’état de mes vieilles chaussures mais avec politesse et une certaine classe, elle a su masquer son malaise en moins d’une seconde.
Mis à part mes Adidas bolivienne, j’ai sorti pour l’occasion une chemise fripée et recousu mais propre et un pantalon noir « sport ».
Entre le portail et la porte principale il a fallu rouler pendant un petit mile. La propriété est immense. L’énorme bâtiment est entouré de sapins hormis la façade ouest, tournée vers la cote, dominant la falaise et l’Océan pacifique.
Si il faisait froid dehors, le plancher chauffant et le verre de vin blanc me réchauffe en quelques secondes. Poutre apparente, ameublement sobre et baie vitrée immense s’accordent parfaitement pour donne à la pièce une atmosphère douce, relaxante.
A table le dîner est incroyable. Je fais face à 3 fourchettes à ma gauche et 3 couteaux à ma droite. (Titanic ou Jack London, selon vos choix)
On parle cuisine, politique, culture…
Comment pourrais-je leur annoncer que hier soir j’étais saoul, chantant et dansant avec un couple.de homeless sous un pont à 40 km de.la ?
Comment allais-je amorcer cela dans une conversation ?
Je me rends compte petit à petit que ce genre de grand écart devient dangereux.
San Franscisco. Je viens de poser le vélo près de la marina. Je vagabonde un peu autour du bloc lorsque deux policiers arrivent à ma hauteur. Je n’en crois pas mes yeux, sans même m’avoir demander mon passport ou mon identité, ils me demandent de sortir du centre-ville.
Sympa l’accueil.
Dépité je ne cherche pas le dialogue , prend mon vélo et file direct camper après le Golden Gate . Un mal pour un bien puisque j’y croise Sarah Bellum, une camarade de route avec qui j’avais déjà rouler quelques semaines avant. Un sourire sur un vélo cette chick.
J’apprendrais plus tard que la ville de San Francisco avait décider de « nettoyer » le centre ville à cause du SuperBowl. Il serait malheureux pour les touristes de croiser des S.D.F.
Si si ça se comprend ! Moi je faisais pareil quand j’étais ado pour ranger ma chambre, je mettais mon bordel sous le lit. Easy. Il n’y a pas de problemes puisqu’on ne le voit pas.
Les homeless m’enseigne, entre autre choses, le dumpster-diving. Récupérer dans les poubelles ce qui peut être mangeable. Étrange ? Choquant ?
Ce qui me choque c’est d’y trouver à manger régulièrement, à cette époque j’étais encore timide à ce niveau-là.
Je découvre mes premières Food Bank, association liés à une église ou à une ville, collectant de la nourriture auprès des supermarchés ou des particuliers.
Aujourd’hui j’ai essayé de rouler 100 km. Impossible. Apres 50 km, je m’arrête pour manger. Je ne supporte plus les regards, indifférents ou effrayés.
Je ne supporte plus cette routine qui s’est installé et ce petit fake-bonheur qui s’anime lorsque j’atteins un super marché » hey peut être que la caissière a des big boobs, qui sait ? «
Aujourd’hui la première personne à m’adresser la parole est Dan, homeless qui me propose de partager les fruits qu’il a eu à la Food Bank. Un brave homme. L’après-midi je rejoindrais son groupe, ils me proposeront de rejoindre un shelter. Merci mais non merci. Certains shelter sont très bien, mais par expérience je sais que d’autre sont assez terribles.
Un jour j’arrêterais de vous sourire. un jour j’arrêterai de vous saluer. Un jour je serais comme vous, méfiant et seul.
En Amérique Centrale, Les enfants faisait la queue pour essayer le klaxon de Tornado, me posait mille questions à propos de la chèvre, devenait fou lorsque je sortais le ballon de mes sacoches etc… Ici les gosses sont collés à leur smartphone.
Ou suis-je ?
1975. Deer Lake. Me. You.
Practicing not tipping canoe.
Tipping. Not tipping.
Paddle. Paddle. Me. You.
Not tipping. Tipping canoe.
1975. Deer Lake. Me. You.
Practicing not tipping canoe.
Tipping. Me and you. Flipping.
Gravity tipping. Falling. Sinking.
Point of no return.
Laughing. Floating. Summer.
Paddle. Paddle. Canoe.
1985. Chilliwack. No you.
Rough, cold, fast water.
Deep. Me without you.
Paddle. Paddle.
Tipping. Tipping canoe.
Beyond equilibrium.
Me. No you. Beyond recovery.
Sinking. Dreading sinking.
2005. New West. New.
Different you.
Me with you.
Different paddle.
Different place.
Different you.
Different canoe.
Tipping. Not tipping.
2005. New West
Struggling upstream.
Fighting downstream.
Up. Down. Struggling.
Work. Live. Grow.
Practicing. Practicing.
Not tipping. Not falling.
2015 DTES. Me.
Me without you. No paddle.
No waters. No tipping canoe.
Neighbours are tipping.
Tipping and falling.
Sinking and dreading.
Point of no return.
Beyond equilibrium.
2015. DTES. Me.
Me without you.
Still grieving your ending.
Clinging to my beginning.
No tipping. No falling.
No sinking. No dreading.
No rough driving river.
No paddle. Canoe.
No recklessly wading
Where shadows are blue.
By James Witwicki , homeless
James Witwicki est un homeless qui après avoir perdu sa femme, tomba dans l’alcool et les drogues dures. En cure, il a découvert l’écriture pour remonter la pente.
Ce poème provient d’un magazine « Mégaphone». Le principe est simple. Chaque homeless peut racheter un paquet de ces magasine (75 cents unité), un badge à son nom l’autorise à revendre le tout dans la rue (2$ unité), le bénéfice lui revient. Les prix sont fixes.
Wild
Morning mist dissolves to buildings sheathed in scaffolds steadily raining nails
They are building a time bomb to demolish the future after 2120
They follow orders ; the pay is okay
Those who have jobs are at work
Those who have money are shopping
Those who have walls watch T.V
A billboard’s neon dots repeat
An ad for milk: a robot drinking
Until his see-through stomach fills.
Those who have cars , drive
Those who have food, eat.
Those who have non, beg.
Nobody asks if 2120 is a year or an hour
No questions, Sara baker
Redwood
Arrivé au parc national des Redwoods, j’ai besoin de me retrouver seul.
Retrouver la nature. Simplement.
J’ai laissé ma tente quelques jours dans le foret et je me suis balader parmi ces êtres immenses.
Sans pensées et sans vêtements, j’ai marché nu parmi les géants.
(J’ai traîné un mauvais rhume pendant trois jours après.)
Je me demande jusqu’où m’emmènera cette homeless-curiosity.
Faut-il faire demi-tour ?
Revenir vers le Mexique ?
Virer vers les montagnes malgré la neige et le froid ?
Être seul dans ce genre de moment est devenu une nécessite.
Attention, il faut différencier le fait d’être seul et la solitude.
La solitude je l’ai connue au Pérou.
La solitude effraie et fascine.
« …L’unique moyen de combattre la solitude, c’est de la connaître… »
La solitude c’est un gouffre, une crevasse obscure, immense. Tristesses et douleurs constituent ses parois abruptes et glissantes. La question n’est pas de savoir si vous allez y tomber ou non. Car, croyez-moi, vous allez vous pencher, basculer et tomber.
Je connais ce gouffre. Je m’y suis promené pendant des heures, des jours, des semaines… Il n’y a rien. Les rares bonheurs dissimulent en fait une perversité malsaine.
Demain
sera le même jour
Je n’aurai vécu que quelques instants
le front collé à la vitre
pour accueillir le carrousel du crépuscule
J’aurai étouffé un cri
car personne ne l’aura entendu
en ce désert
Je me serai mis
dans la position du foetus
sur le siège de ma vieille solitude
J’aurai attendu
que mon verre se vide à moitié
pour y déceler le goût du fiel
Je me serai vu
le lendemain
me réveillant et vaquant
Atrocement semblable
Pierre Joris
La question est de savoir comment allez-vous réagir une fois arrive au fond. Allez-vous continuer à creuser tête baissée ou bien relever les yeux et commencer l’ascension ?
Oui, plutôt que de creuser vous devez construire. A l’aide de vos souvenirs, vous façonnerez des prises précaires qui jour après jours deviendront des marches solides. Les premières d’entre elles viendront tout droit du plus profond de votre cœur, le regard éternel doux et rassurant d’une mère, les épaules si larges d’un père, super-héros n’a jamais.
Alors ce gouffre vous apparaît bien plus petit. La méthode est simple, chaque rencontre, chaque bonheur du voyage viendra directement le remplir. La clé est là. Non seulement le gouffre se remplira vite mais la route continuera sans arrêt d’apporter de quoi poursuivre cette fortification, de quoi ériger une montagne d’images, d’odeurs, de sons, de touchers, de feelings etc…
La solitude crée elle-même une dépendance aux autres.
Alors la rue m’offre ce que m’offraient les familles, les hommes, les femmes et les enfants croisées sur ma route d’america latina.
Mais je ne peux pas quitter cette école. Quelque chose me pousse à continuer cette découverte.
Une école immense.
Il y a des mythes, des légendes à propos de cette école. Certains dissent qu’on n’y ressort jamais tout à fait, certains prétendent même qu’il n’y a pas de sortie.
C’est une école si grande qu’on la dit infinie.
Les professeurs sont aussi les élèves, parfois bon, parfois mauvais. Parfois très intelligent, parfois abrutis. Des milliards.
Chaque jour on se présente en salle de classe.
On y enseigne des sciences, du spirituel et du mystique, des religions, des arts, des métiers. On y apprend le pouvoir des mots, le pouvoir des corps.
On y enseigne le pouvoir de la différence, des regards, de l’amour, de la haine.
On y apprend aussi des langages, parles et silencieux.
Ce que je préfère dans cette école c’est la cours de récréation.
Elle est dangereuse cette cours. On y trouve des élèves dans le coin sombres prêt à tout pour vous piquer vos billes, sans jouer à la loyale.
Certains ne voudront jamais jouer avec vous au ballon et préfèrent garder leur gouter pour eux seuls.
Dans cette cours il y a des enfants qui vivent. Quand d’autre survivent.
Ici on se moque facilement, pour rien.
On montre du doigt.
On tabasse le faible jusqu’à ce qu’ils rejoignent les siens. On les tabasse. Jusqu’à ce qu’ils en aient assez. Jusqu’à ce qu’ils deviennent forts à leur tour. Jusqu’à ce qu’ils nous tabassent.
On joue à policier-voleurs. Mais dans cette école il ne suffit pas de toucher pour attraper. Ni pour délivrer.
On joue aux garçons attrape les filles.
Mais dans cette école, les garçons peuvent attraper d’autre garçons, les filles peuvent attraper les filles.
Mais parfois dans cette école, les garçons attrapent les filles sans leur demander.
Mais parfois dans cette école, les filles attrapent le cœur des garçons sans leur demander.
Ce que je préfère c’est la cours.
Parce que le mec le plus cool à la récré, c’est toujours celui qui a le vélo.
Frisson dans l’Oregon
Je ne pensais pas que je connaitrais ma plus grande frayeur sur mon vélo en Oregon. Il faut avouer que ça ne fait pas trop « aventurier ».
Ce matin-là je me suis réveillé sous le pont de Wedderburn. Content d’avoir eu la lucidité de me choisir un endroit au sec puisque la pluie avait commencé dans la nuit et n’avait pas cessé depuis.
En traversant le pont je m’arrête boire un café et me préparer a une journée Warrior Under the Rain. On me prévient que le vent se levé et qu’il va falloir être prudent…
Les km défilent et la pluie se change en grêle. Je me retrouve seul sur la route. Plus aucun véhicule. Etrange.
Protégé par le « relief » du Humbug moutain park je n’ai pas conscience de la force du vent. A hauteur d’un RV campground, j’aperçois des caravanes renversées, certaines ont le toit dépliant arrachées.
Arrive dans la Bruch creek, la route repique brutalement vers l’ouest, face à l’océan…qui n’a rien de pacifique à cet instant. La géographie de la creek crée un effet aspiration très violent.
100 mètres plus tard une première rafale décolle mon Tornado du sol (avec moi dessus), de quelques millimètre j’imagine mais suffisamment pour nous envoyer frapper la barrière de sécurité. Merci les grosses sacoches qui ont amortis le choc et sauver mon genou.
Je parviens à descendre du vélo. Une main fermement agrippée a la barrière, l’autre au guidon de Tornado. La situation est dingue.
Si je lâche le vélo, il ira probablement s’écraser je ne sais où et subir de gros dégâts. Si je lâche la barrière…bref.
Apres trois heures… ou trois minutes je n’en ai absolument aucune idée. J’ai un gout de sang dans la bouche. Le vent soulevé du sable de la plage de mêlant aux grêlons fouettent mon visage et mes mains…!
Je fatigue, le vélo devient de plus en plus lourd à maintenir d’une seule main. PEUR.
C’est John, un old-ranger qui travaille tout pret qui me fait de grand signes depuis son 4*4 qu’il parvient à approcher jusqu’au fameux virage. Il m’a donc fallu attendre une légère accalmie dans la tempête pour réussir a lâcher la barrière, laisser le vélo s’embarquer dans le vent tout en courant a cote et monter dessus dans un sorte de « semi-contrôle ». Il a presque les larmes aux yeux quand il me voit ! Are you crazy sir ??
Autour d’un café il m’apprend que la circulation à été interdite dans la matinée pour raisons de sécurité…et moi joyeux vagabond je me suis dit que j’allais pédaler, normal.
Comble de la journée. Vers midi le ciel se dégage et laisse place à un temps quasi-perfect, blue sky et gros soleil. La météo a un humour qui parfois, m’échappe.
Seattle
A Seattle je suis décidé à tenter une réel « reconnexion » en sortant du monde des homeless. Tymer m’accueille les bras ouverts. Sa copine étant partie découvrir les routes de la Californie à vélo, je l’aide à déménager pendant qu’il prend le temps de me faire découvrir la ville.
Je décide de ne pas regarder à la dépense (bar, cinéma, expo etc…) et de faire un véritable effort pour ne pas courir chasser le vagabond errant dans la rue de cette ville immense.
Tymer a été incroyablement amical avec moi mais je n’y arrive pas.
A L’heure de faire un bilan financier de ces trois moi au U.S.A, le constat est amer. Les caisses sont presque vides.
Je décide de faire ce que j’ai toujours fait avec brio, repousser à plus tard !
La fin de mon visa arrivée, je dois faire route vers le Canada.
“…Accordind to the bc coroners service 325 homeless people died in this province between 2006and 2014.
It is estimates the true number roughly twice as high.
As municipalities across B.C continue to struggle with a lack of affordable housing and appropiate harm reduction services, a growing number of homeless people are dying on the streets and in shelters.
With overdose deaths rising dramatically in 2015,eviction of residence in low income buildings increasing, and affordable number of homeless deaths in this province is only expected to increase.
As still dying on the streets outlines, homeless deaths are still largely preventable. In 2014, the Bc coroners service determinated that 52.2 % of homeless death were accidental. In contrast accidental deaths account for just 16.5 % of all.death in the general population.
The percentage of homicide and suicide is also double for homeless.people.
The report clearly shows that homelessness puts people in an extreme state of vulnerability and greatly increases their chance of dying violently.
The B.C coroners service classifies drug and alcohol related deaths as accidental and they still account for the largest number of homeless deaths. 30.4% in 2014. With illicit drug overdose deaths in B.C dramatically rising by 27.% to 465 death in 2015 homeless deaths will likely rise with them when updated data is released.
The highest overhall number of homeless deaths in 2014 occured in the fraser region, wich doubled to 14 deaths from the year before. A combinaison of rising housing prices and a lack appropriate increased pressure on the region and made homeless people more marginalized…”
Voice of the street
» Je n’ai jamais été contrôlé positif » L.A
We drink. We smoke. We kill ourselves à petit feu.
A Vancouver, je resterais plus de deux semaines dans les rues.
Dès le deuxième jour je fais la connaissance de Crapi. A la rue depuis l’âge de 14 ans. Il se déplace maintenant à vélo en Colombie-Britannique. Mais son territoire c’est bien Vancouver.
La première chose qu’il me demande : » tu as faim ? »
Il m’enseignera beaucoup d’astuces et me montrera les bons coins pour trouver de la nourriture, cachez mon vélo et dormir.
Il me parle de Vancouver, même lui qui connait bien cette ville commence a en être terrifié.
En effet, les rues de Vancouver c’est d’abord et avant tout la drogue.
Le monde de la rue, je ne vous apprends rien, c’est un monde où drogues et alcool sont là en permanence. Mais Vancouver c’est autre chose, c’est le niveau supérieur.
J’organise mes journées entre le terrain de basket et la Library dans la matinée, sieste et « chill » l’après midi et le soir je rejoins Crapi et sa copine.
Tous les jours, je me lave rapidement dans une fontaine publique sur David Lam park sous le regard intrigue des passants. Et j’utilise les lavabos publics pour laver mon linge.
Crapi passe ses journées près du musée d’art contemporain. Sa remorque est remplie de bricoles prêtes à être revendues. Il lui est arrivé évidement de dealer mais aujourd’hui ses activités sont disons…limités.
Un jour Crapi me propose de faire des « livraisons » à vélo. En voyant ma tête il éclate de rire et m’explique, relax Tito. Nous passons dans les différentes Food Bank, chargeons mes sacoches et sa remorque et nous partons distribuez le tout a ses amis qui peine à se déplacer sur une longue distance.
Apres cela je participe a quelques journées organiser par le collectif FOOD NOT BOMBS qui récupère de la nourriture dans les restau, les supermarchés et les donations , puis le tout est préparé , cuisine et servis gratuitement sur Hasting Streets ou commercial .
Il y a quelque chose de très intense à servir des hommes et des femmes que j’ai pu croiser ici ou la.
Mais je tiens à rester vivre dans la rue.
Il y a ces instants je suis si léger, je slalom entre leurs sac Gucci, entre leur Smoking sur mesure, Porche à ma gauche, Lamborghini à ma droite.
Je suis un poisson dans l’eau. Entre deux eaux plus précisément.
Un œil clos fixé sur mes souvenirs, un œil grand ouvert fixé sur cette folie.
Si je suis un borgne, qui sont les aveugles ? Eux, nous ? Où est le royaume ?
Parler de Vancouver c’est aussi parler de Stanley Park.
Magnifique parc en journée qui accueille joggeurs, familles et amoureux en goguette. Mais la nuit tombée, Welcome to Walking Dead Park.
Beaucoup de homeless y vont pour trouver un endroit pour dormir. Mais le parc se rempli aussi de tweakers et junkies. C’est un endroit très dangereux car même le plus honnête des hommes deviendra menteur et voleur s’il a besoin de sa Big H.
C’est là que chaque soir je dois trouver un endroit où « dormir ».
Hier soir, j’y ai vu une femme enceinte s’injecter un peu d’espoir dans le bras.
J’ai retourné cette image dans ma tête toute la journée. Je resterai seul aujourd’hui.
« Dans un nuage de fumée ma rage je contiens…KJ »
Sur Granville street, je regarde les filles talon aiguille / mini-jupe / duck face et les mecs chemise trop courte / pectoraux gonfle / whisky-Coke.
A 3h du mat la scène devient ridicule. Tout ce beau monde sort des Nightclub dans une rue où l’accès a été interdit aux voitures. La police est repartie de deux côtes de l’avenue.
Certains vomissent les 300 dollars qu’ils ont claques sur fond de musique supermarché. D’autre montrent les muscles et amorcent des sort of bagarre (drunk fight). La police s’assure que les bum ne les dérangent pas.
Ou suis-je ?
Je m’isole dans une ruelle. Une fille sort d’un énorme 4*4, claque la porte, balance son petit sac à dos et part s’assoir en pleurant.
On discute quelques minutes. Laureen.
Ce visage. Des yeux bleus et des cheveux blonds aussi pâles que la première lumière. Une autre porte dont j’aurai caressé la poignée dans une autre vie. Loin. Si loin que la fumée revient instantanément masquer mon égarement. Elle a ce pouvoir.
Sans même chercher à savoir je comprends tout de suite ce qu’il vient de se passer dans la voiture. Je ne parviens pas à déterminer son âge mais elle me dit vivre sur Downtown Eastside. Pour y avoir circulé avec Crapi et surtout écouter ce qu’il avait à en dire, dans ce quartier à l’est du centre-ville se résume en quelques mots : chômage, drug-crimes, prostitution, traffic. Beaucoup le nomme « The market » tellement il est facile d’y trouver quoi que ce soit pour s’évader, oublier la douleur.
Il faut sortir d’ici.
GET OUT.
Le lendemain je roulais vers la sortie du centre-ville lorsque je m’arrête à hauteur d’un rassemblement de manifestant installé au pied d’un énorme building.
» Où a tu eu ton drapeau ?! » Voilà ce que j’entends dans mon dos…en breton !
L’œil farouche et le sourire aiguisé, un militant interpellant les passants sur le trottoir a reconnu le Gwenn ha du fixé sur Tornado. Yvon.
Il me renseigne d’abord sur le pourquoi du rassemblement :
Je viens de faire une rencontre capitale mais je ne le sais pas encore. Nous échangeons nos mails respectifs et je continue mon chemin la tête dans le brouillard.
J’avais entendu parler d’un rassemblement de vélo en fin d’après-midi près de Woodland Park.
J’étais en train de m’endormir pour patienter lorsqu’un curieux vient me demander si c’est un Sound system qui est accroché derrière mon vélo !
Je fais la connaissance d’Inti. Curieusement cette journée doit être marquée d’une pierre blanche car cette deuxième rencontre a été sans aucun doute elle aussi d’une grande importance.
Inti en Quechua veut dire « Soleil ». Fils du monde, il est né entre la Bolivie et le Pérou et son existence même est le récit d’un voyage, une aventure.
Il me propose une chambre d’amis dans la maison qu’il partage avec une famille de trois personnes et un autre couple. (La question du logement à Vancouver est…irréelle)
Lorsqu’il ne travaille pas Inti passe beaucoup de temps avec moi. Anglais, espagnol, français…poésie et jonglage nous offrent différentes formes de langage, nous échangeons énormément sur l’Amérique latine, sur nos parcours etc…Nous partons à la chasse aux canadiennes, parcourons la ville à vélo en criant notre folie à qui veut l’entendre…
Après peu de temps Inti me pose deux questions simples :
» Qu’est-ce qu’un mec qui à traverser deux continents à vélo fait à vivre dans la rue avec les sdf ? »
» Et maintenant ? »
Dans la chambre où je reste presque dix jours, il n’y a pas de fenêtre. Il m’arrive parfois de dormir jusqu’à 14h et au contraire parfois de réveiller en pleine nuit sans trop savoir quoi faire.
J’écris énormément chaque jour comme un possédé. J’ai du mal à me concentrer pendant les conversations que je peux avoir avec les membres de la maison. Je bafouille, je me trompe dans les prénoms, j’en dis le moins possible pour ne pas me perdre dans des explications trop complexes. Je reste hors du centre-ville le plus possible pour ne pas être tenté de retourner dans la rue. Ce qui n’a rien de facile.
Inti et moi sommes invités à manger chez Yvon et Valérie, sa femme. Sortant du boulot, Inti a prévu de me rejoindre là-bas. J’arrive donc seul avec Tornado.
L’accueil restera dans les mémoires…des voisins ! Yvon a sorti le biniou et un énorme drapeau breton et fait sonner l’instrument en pleine rue !
Je découvre une maison chargée de souvenirs du monde, chargée d’une vie bien remplie, témoins de la générosité de leur propriétaire, témoins de leur ouverture et de leur engagement militant. Dans l’atmosphère flotte un amour familial presque palpable …et une odeur de saumon sauvage mijoté au four paradisiaque…
Valérie, anglaise exilée mais cuisinière quasi-légendaire supporte l’humour décapant d’Yvon, breton de racines et de cœur.
Ils me proposent de rester chez eux.
Durant mon voyage en Amérique latine, j’ai réussi à garder un contact par Skype régulier avec ma famille. Très peu par rapport à d’autres voyageurs que j’ai croisés. Mais après le Mexique j’ai arrêté, me contentant de quelques nouvelles écrites via Facebook.
Alors je décide de les appeler, d’entrée de jeu, mon père me dit » alors, ce n’était pas si mal les USA finalement ? »
Avec ces mots je réalise le fossé qu’il s’est creusé entre mon vécu et ce que peuvent avoir imaginé mes proches.
L’heure de faire un choix est arrivé. Les caisses sont vides mais rentrer en France est hors de question, pas avec ce sentiment, ce gout de cendres dans la bouche.
Yvon et Valerie me parlent d’une ile où ils y ont installés une petite maison secondaire familiale ainsi qu’une yourte. Denman Island.
Quelques mails échangée plus tard, un poste dans une ferme m’attend, en tant que wwoofer. (Pas de salaire, 4 ou 5 h par jours contre le. Logement et la nourriture).
Larry Berg et Anne De Cosson me reçoivent dans leur magnifique ferme. Producteurs d’un jus de pomme organique divin, ils y élèvent leurs trois fils tout aussi organiques mi- viking, mi- bucherons. Leur accueil est awesome. Me voilà installe dans une caravane au fond de la propriété, a l’entrée du foret, le cadre est magique.
Passer d’une tente à une caravane c’est accéder à la suite présidentielle, 5 Etoiles.
Dans la maison de mes grands-parents paternels, près d’Angers.
J’ai le souvenir d’un petit objet en plastique, jaune ou orange. Comme des petites jumelles avec au-dessus une fente où l’on y insère des « recharges » de diapositives. Le bas il y avait des images du monde, des bâtiments célèbres etc…. Orienté vers une source lumineuse, avec les lunettes devant les yeux, une petite molette permettait de passer d’une photo à une autre d’un simple « clic ».
Parfois, souvent, je porte ce genre de lunettes. Les gens peuvent être lancé dans une conversation autour de moi et parfois même m’adresser directement la parole mais j’ai en face de moi Raped CLIC. Argentine. CLIC. LA montagne. CLIC. One face. CLIC Leurs visages. CLIC. Ivresse CLIC Ma plage CLIC Meth CLIC Des étoiles CLIC JuradoCLIC Hero CLIC Death
Denman
Premier matin. Le réveil sonne. Quoi ? Le réveil sonne ? Dans quel but ?… Ah oui … let’s go …
Je me souviendrais toujours de ce sentiment lorsque, les quatre heures de travail achevée et le repas du midi terminé. Je me suis trainé péniblement sur 150 mètres pour rejoindre ma caravane et m’affaler sur le lit. Isis OVER comme dirait V-C. Dodo.
Le boulot n’avait RIEN de fatiguant et pourtant j’avais l’impression d’avoir bossé 48h non-stop.
Le miroir
Depuis combien de temps je ne me suis pas retrouvé complètement seul ?
Dans la caravane où je suis logé il y a un grand miroir.
C’était quand la dernière fois que j’ai pu me faire face de cette manière ?
J’y vois un corps faible. Un visage si pâle.
Un visage fermé. Un visage qui voudrait parler de tous ces histoires collectés dans la rue.
Qui voudrait comprendre.
Etait-ce reflet qui a traversé la Patagonie en vélo ?
Etait-ce reflet qui a pédalé sous la chaleur de la Pampa ?
Etait-ce reflet qui a appris à manier la canas a Tarija ?
Etait-ce reflet qui a roulé pendant des semaines sur les plus hauts sommets avec un vélo de 55 kilos ?
Etait-ce reflet qui a été nourris à toutes les tables ? Logé sous tous les toits ? Soutenant le regard du Péruvien qui n’a rien ?
Etait-ce reflet qui dansait avec les colombiennes Del Choco ?
Etait-ce reflet qui a tant reçu d’aide de ces milliers de gens ?
Etait-ce reflet que les USA ont anesthésié ?
Les premiers jours se ressemblent.
Puis petit à petit je me rends compte qu’il me reste de l’énergie pour sortir l’après-midi, puis le soir.
Apres une semaine, il m’en faut plus. Je pars d’abord nager au Graham Lake. (LE lac parfait)
Grace a un vieux vélo de course que Larry m’a permis de réparer, je roule de plus en plus autour de l’ile. D’abord tranquillement en sifflotant puis comme un fou en essayant de le faire le plus vite possible. En sachant que sur le parcours il y a une méchante cote bien raide surnomme the Devil’ Hill.
Anne nous cuisine tous les jours des plats organiquement merveilleux ! Je peux sentir la différence très vite sur ma santé, mon énergie.
Les choses qui poussent.
Le cadre est absolument magnifique, le travail ne manque pas et les taches sont variées. Je jamais été vraiment un fermier dans l’âme mais je dois avouer que j’y prends gout assez rapidement. Etre si proche de la Terre me renvois beaucoup de souvenirs de la Bolivie, du Pérou et plus largement de l’Amérique latine.
Regarder les choses pousser doucement me fait beaucoup de bien.
J’ai toujours pensé que ma barbe rousse s’expliquai par mon gout pour la bière irlandaise mais j’ai une autre piste, j’ai dû être bucheron canadien dans une autre vie ! En effet, l’apprentissage du swing avec Sebo (fils du proprio vivant près de la ferme) pour « choper » convenablement des morceaux de bois monstrueux…c’est le pied !
Larry , Ann et Sebo sont à l’image des habitants de cette iles d’une gentillesse incroyable, d’une amabilité contagieuse .
Apres 3 semaines, il est temps pour moi d’aller découvrir Horny Island.
Self-Fish
Lors de la traversée ( qui dure 10 min ) le ferry stop les moteurs et met à l’eau un bateau de sauvetage pour aller porter secours à un couple dont le zodiak avait chavirer a plusieurs centaines de mètres.
La foule de curieux touristes dans leur voiture s’est donc précipité de sortir et rejoindre les quelques piétons avec moi à l’avant du bateau.
J’ai vu une rangée de smartphone et autre I-phone se soulever dans les airs …
Seriously ?
Ready to Hornby
Si un jeune touriste vous parle de cette ile vous entendrez les mots : hippies, weed, mushroom, big rave et fire on the nude beach. And no police.
Je ne crois pas au terme terme « hippies ». Mais si il est parfois difficile de trouver l’héritage des 70’s sur la West coast, sur cette ile vous y trouverez quelque chose qui s’en rapproche.
Une fois que les locaux avaient compris que je n’étais pas là pour me joindre à la meute d’étudiant en manque de sensation forte. J’ai pu petit à petit découvrir une communauté tout à fait intéressante.
Il y aura beaucoup de choses à écrire sur ce le sujet et pour l’instant le blog me limite.
Fierté de l’habitant de Hornby, vous trouverez le recycling center au centre de l’ile. Il y a été installe un Free-Store, ouvert 24h/24. Chacun peut y déposer ou prendre ce qui lui plait. Le bâtiment est énorme et rempli pour une ile de cette taille.
Une radio-asso, une kitchen auquel je participerai, distribuant des repas gratuit à qui le demande, trois fois par semaine (ainsi que de la nourriture gratuite à emporter).
Comme sur Denman, les gens prennent le temps de se parler, d’apprécier la simplicité d’une conversation, sans filtre, sans masque.
Sur l’ile le service de transport en commun c’est le pouce. Vous serez pris à tous les coups, toujours. Pouvez-vous imaginez cela ?
Dès le premier jour, après 5 min passe devant la coop, Rory m’invite. Lui et sa copine, Kelly, louent une petite maisonnette sur une propriété où est bâtie une maison bien plus imposante. Ils ont concluent un deal avec le proprio, s’occuper un peu du jardin lorsque le proprio ne sont pas la …c’est à dire la majeur partie de l’année ! Principal problème sur l’ile, le prix des terrains et du logement… On en reparlera !
A peine la conversation entamée avec Rory je comprends que la rue m’a poursuivis jusqu’ici. Orphelin a 6 ans, il avait 15 ans lorsque son beau-père l’a mis dehors… je ne développerai pas sur la vie qu’il a pu mener dans la rue.
A travers le témoignage de sa vie, de ses souvenirs de Vancouver, je revois tous ces jeunes croise en chemin qui ne trouveront pas leur ile pour s’y refugier et bâtir une nouvelle vie, un nouveau départ.
A Hornby, beaucoup sont ici car ils ont décidé de fuir la ville ou plus radicalement la société occidentale.
Ex-drug addict ou tout simplement victime d’un système pervers et cruel, ils trouvent en Hornby un monde plus sain et plus simple.
Certains vivent dans les bois, totalement en marge, en ermite.
J’y ai trouvé un petit morceau d’étoile.
Dans la chaleur de la nuit, la flamme du poêle se reflète et danse sur son corps brillant. Sa caresse naïve, presque insolente, réveille la douleur d’une cicatrice colombienne trop longtemps ignorée…
Back on the Road
Il y aurait tellement à écrire sur ces deux iles, ces deux communautés.
A la mi-juin, deux mois après mon arrivée, je décide de repartir avec pour objectif de prendre un avion vers la France à Calgary.
J’ai la potatoe. La papa. La patate !
Sur le ferry pour Buckley Bay j’ai des fourmis dans les jambes. Je saute sur place, quelques pas de dance assez singulier et les gens me regardent étrangement. Je déborde d’énergie, j’ai une envie folle de grosse montagnes et de petits feux de bois.
Une fois débarqué, je lance Tornado au triple galop vers Nanaimo, le terminal pour Vancouver.
A 22h je suis tout proche du liongate, le pont donnant accès a Stanley Park. Hors de question évidemment d’y retourner, je décide de passer la nuit sur le bord de l’Ambleside Park.
Le matin je suis réveillé par un employé communal qui tentait de glisser un billet de 20 dollars dans ma petite sacoche de guidon (toujours à portée de main). Les plus pieux ou les plus mystiques d’entre vous y verront un signe…J’y ai vu Hot coffee and Pancakes.
Très rapidement je revois Inti, occupe par des affaires de famille.
Par hasard je croise un couple de mexicain venu tente leur chance au Canada. Originaire de Tijuana, nous partageons souvenirs et tequila pour fêter cela … Mais je réussi l’exploit de me tromper trois fois en composant mon code de carte bancaire. LOOOOSER
Je passe une dernière nuit dans la maison d’Yvon et Valérie.
Ces derniers m’avance généreusement 500 dollars canadiens. Mais je me fais la promesse de ne pas y toucher. Comme un dernier défi.
Je sors de la ville en un temps record. J’ai les jambes qui tournent à une vitesse folle. J’ai le gros smile à chaque personne que je peux croisé (je bouffe un paquet de mouches)
No money, No problems
J’ai roulé depuis Vancouver jusqu’à Calgary (2000 km, en Zigzag) sans argent !
Tout ce que j’ai pu apprendre pendant ce voyage, je l’ai mis en pratique simplement et m’a permis de vivre une traversée de la Colombie -britannique vraiment géniale pour achever ce chapitre de mes voyages.
Le dumpster-diving constitue la moitié environ de mon alimentation.
Le jonglage et parfois même la dance (si si) me permettent de me gagner quelques pièces. Mais mieux encore tout cela soulève des questions déterminantes.
Un crane de chèvre sur mon vélo, un drapeau étrange, un ballon, un klaxon funny, des clubs de jonglage, une plume sur la tête…et une épée en bois ! Rangée dans un fourreau en aluminium et fixée dans mon dos par une ceinture de cuir noire, je porte (presque) constamment cette épée ! Complètement con ?? … Pas tant que ça ! Elle me sert avant tout de béquille pour tenir mon destrier et bien pratique pour éloigner le chien (meilleur ami de l’homme, ou pas) un peu trop téméraire.
Mais lorsque les gens me pose la question » pourquoi tu as ce…truc mec ? «. Je leur réponds qu’ils viennent de trouver la réponse eux même. Créer le contact.
Le vélo et la barbe suffisaient pendant très longtemps au sud. Et voilà que faisant face à cette peur instinctive qui nous poussent à nous méfier de l’inconnu, évidement bien plus forte dans nos sociétés occidentales, je dois chercher à la briser ou la contourner pour créer l’échange. Ce qui est à la fois extrêmement enrichissant et très triste… mais nous en reparlerons les loulous !
J’ai grimpe le Coquihalla summit comme dingue sous un orage terrible et cerise sur le gâteau je me permets une petite course poursuite avec un inconnu sur son vélo carbone…
Entre Vancouver et Hope, je sème des petites graines de haricot sur des endroits publics en tout genre (rond points, parterre etc…) pour le fun !
A Kamloops je suis invite par Danilo et Jewel (fait du hasard elle est originaire de Hornby Island ! Strange things of life). Nous passons une belle soirée à parler itinérance, voyage et liberté…
Suivant leur conseils je me dirige ensuite vers Nelson, selon eux suite logique d’un passage à Hornby.
La route est magnifique. Rouler et camper en Colombie-Britannique c’est un vrai bonheur, le temps est parfait, je me baigne presque chaque jour dans les lacs et les rivières et fais un feu presque chaque soir.
Sur la route je croise beaucoup de Québécois, des « pickers » pour la plupart. Pour eux venir l’été en B-C ramasser des fruits est un classic.
Une fois à Nelson, je prends le temps de découvrir les différents personnages urbain qui animent cette ville. Apres deux nuits dans un parc, je trouve le spot idéal, connu des plus habitue, une plage a un kilomètre du centre-ville où les voyageurs s’y retrouvent pour camper. J’y reste plus de deux semaines.
Je fais la connaissance de Verina, une autrichienne de passage ainsi que Max Hawk, un artiste au grand cœur avec qui nous partageront beaucoup.
Dès les premiers jours je rencontre Joaquin, un chilien de 19 ans venu conquérir le cœur des canadiennes ! Avec quelques autres québécois nous formons une belle équipe de bum, se réunissant chaque soir autour d’un feu, accueillant les nouveaux venus.
Puis il est temps pour moi de partir. J’ai eu quelques difficulte a acheter mon billet d’avion pour la France, en effet il semble inconcevable pour le monde bancaire de vivre sans telephone BREF je ne prefere pas evoquer la teneur des peripethie auquel j’ai fais face sur le blog , tout cela risqueraient de me faire ecrire des obscénités.
Nolwenn et Adrien ( quel homme ce Doudou ) m’aident a achever la transaction et je me remet en selle en route vers Calgary !
Traverser le kootenay park et le bow valley park , difficile de faire mieux comme programme de fin de voyage…
A Cranbrook je decide de tester l’auto-stop pour etre sur d’arriver dans les temps a Calgary. Je suis pris par Dean, qui m’invite a camper chez lui a Invermere ! Super soiree barbecue et projet de vies , le tout sur fond d’accent australien , auquel je suis habitue maintenant ( Les australiens c’est comme les bretons , il y en partout ! )
Et me voila face a mes dernieres montagnes , dans des parcs nationaux tres proteges absolument grandiose.
El lobo
Je rince ma petite casserole dans une rivière lorsque je l’aperçois sur la berge opposée. Il est assis, parfaitement immobile. Le courant est très rapide et le lit est large. Il ne traversera pas.
Ses yeux me fixent-ils ? Est-ce la tente derrière ? Le maigre reste de macaronis qui s’échappent dans le courant de la rivière ?
Pendant un moment j’ai envie de croire qu’il me regarde. Porteur d’un message. Ne rentre pas, viens dans la montagne, loin de tout. Tu apprendras comme tu as appris sur le chemin. Pendant un moment je me vois hurlant. Le foret. C’est possible. Devant moi. Fuir.
Il part, silencieux. Je ne traverserais pas.
J’arrive à Calgary le 28 pour un avion le 29. Ces deux dernières journées sont une excellente illustration de la confiance que je place dans la Route.
Je débarque sans argent, sans contact, sans aucune préparation. Sale, fatigue et l’esprit sur une autre planète. Et c’est lorsque je me mets à la rechercher d’un magasin de vélo pour y trouver une boite en carton pour y transporter Tornado que je croise David qui rentre du boulot sur son vélo électrique.
Une rencontre toute bête et voilà comment je me retrouve devant l’aéroport le lendemain, repose et le ventre plein ,confiant , propre, le vélo emballe avec soin et les sacoches prêtes a embarquées.
David et sa femme ont été d’une grande aide et ce fus un sentiment très puissant de pouvoir quitter le Canada sur cette dernière rencontre.
Aux défis de l’impossible.
A deux désert si distants.
A la lumière qui les sépare.
Aux gemmes incertaines de l’abîme.
A la vérité d’une approche éperdue.
A la mediation du fer.
A l’inacceptable. A la reconnaissance.
A l’échange. A la réparation.
A la migration ensemble.
Au commun accès.
A toi. A moi.
Toast en réponse, André Fernaud
Le futur qui se réduit.
Une notion difficile a imaginée pour nous, sédentaires occidentaux. Nous prévoyons, nous nous projetons dans l’avenir en vue d’un anniversaire, d’une réunion de travail, d’une sortie entre amis, d’un concert de musique ou d’un tournoi de curling…etc.
Mais comme il est bon de se réveiller sans même savoir où l’on pourra s’endormir le soir , sans même savoir de quoi sera fait le repas du midi… l’avenir se réduit très vite , a quelques mois , puis quelques semaines, puis quelques jours…demain ?
Ce n’est pas seulement une conséquence de ce mode de vie mais aussi une clé.
Clé qui permet de réaliser de très grandes distances.
Il est encore trop tôt pour dresser quelques bilan que ce soit sur ce que je viens de vivre.
A quel moment le défi a-t ‘il laissé la place à la philosophie de vie ?
Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai parcourus au total. Je ne m’en fiche pas au contraire mais disons que l’essentiel est ailleurs, selon moi.
Apprentissage de tous les instants
De soi-même, de ses limites physiques et mentales. De tout l’aspect « technique » que constitue ce genre d’aventure (Vélo, camping, débrouille etc…) Apprendre à vivre seul et apprendre à vivre avec les autres. Apprendre de la différence et/ou des similitudes…
Communication/ Echange
Un point qui me tient à cœur. Et pour cela je dois remercier les USA. Mon expérience a pu surprendre certains d’entre vous mais sachez que plus les jours passent plus j’y vois clair et j’ai hâte de regrouper mes écrits à ce sujet et vous les faire partager. Et hâte de connaitre vos opinions.
Lorsque j’ai quitté Vancouver pour rejoindre les iles. Je n’avais pas conscience de l’importance de l’expérience que je venais de connaitre parmi les sdf. Tant dans la digestion de l’Amérique latine que dans ma recherche intérieure.
Je me souviens d’une conversation lointaine avec Gautier. Attablés sur une terrasse rennaise nous échangions à propos de voyages, de nos doutes et nos rêves. Il me présentait son projet de tour du monde et moi de remontée des Amériques. Il soutenait qu’alterner itinérance et sédentarisation en Bretagne serait difficile. Et que pour cela il partirait pour une durée plus ou moins déterminée entre trois et cinq ans. Je comprends aujourd’hui ce qu’il voulait dire. Récemment, j’ai également rencontré Yoann, grand voyageur à vélo à travers le monde. Après deux ans en « solo » en Asie, il a connu un retour en France très douloureux. D’une manière générale les voyageurs au long cours croisés sur ma route m’ont avertis, ce n’est pas sans risque.
J’ai entendu les mots : dépression, prise de poids, solitude…etc.. ça donne envie les cocos !
Mais j’ai aussi entendu les conseils. La littérature peut m’aider.Conscient de n’avoir aucune base sérieuse dans ce domaine j’espère pouvoir m’y plonger. Mais pas uniquement, poursuivre l’apprentissage d’habiletés manuelle est un autre objectif.
GRACIAS !
J’ai écouté des histoires de voyages comme un enfant regarde le marchand de glace. Tellement de saveurs possibles, tellement de choix…
Mais l’heure n’est pas à parler de l’avenir. Demain n’existe pas encore.
Si je ne devais écrire qu’un seul mot ce serais MERCI.
Si l’on imagine une route courant entre Ushuaia et Calgary absolument vide de population, trente mille kilomètres d’asphalte. Jamais je n’aurais pu réaliser cela seul. Jamais.
Sur la route je n’ai pas reçu uniquement de la nourriture et des abris mais une force immense. Alors ma première pensée est une reconnaissance éternelle pour tous ces gens où qu’ils soient.
J’ai souvent entendu le mot « inspiration » à propos de ce que j’étais en train de réaliser. Et cela me touche toujours, off course. Mais vous êtes tous pour moi une source d’inspiration, qui que vous soyez (oui oui même toi Donald Trump !).
Jamais je n’aurai pu imaginer que ce voyage serait avant tout si « personnel » et que voyager avec Tornado aurait un tel impact sur mon petit nombril.
Jamais je n’aurai imaginé atteindre un tel niveau de confiance en la route.
J’ignore combien de temps je vais pouvoir garder Tornado à l’écurie, nerveux le canasson !
Mais je crois que vous l’avez compris….the game has just begun .
« O where are you going? » said reader to rider,
« That valley is fatal when furnaces burn,
Yonder’s the midden whose odors will madden,
That gap is the grave where the tall return. »
« O do you imagine, » said fearer to farer,
« That dusk will delay on your path to the pass,
Your diligent looking discover the lacking
Your footsteps feel from granite to grass? »
« O what was that bird, » said horror to hearer,
« Did you see that shape in the twisted trees?
Behind you swiftly the figure comes softly,
The spot on your skin is a shocking disease? »
« Out of this house » ‚ said rider to reader,
« Yours never will » ‚ said farer to fearer,
« They’re looking for you » ‚ said hearer to horror,
As he left them there, as he left them there.
Wystan Hugh Auden